Amandine et Carl Cheminal, associés en Gaec dans la Loire, conduisent un cheptel de 90 vaches. La lactation moyenne culmine à 9 500 litres. Rigueur des protocoles et bonheur des vaches constituent le leitmotiv de ces exploitants ayant su relever la perte accidentelle de 80 animaux.
J’ai tout recommencé à zéro il y a un an », confie Carl Cheminal, associé avec sa femme au sein du Gaec de la route du Basalte à Bussy-Albieux (Loire) lors de la visite de son exploitation. Les exploitants ont dû surmonter la perte de 80 vaches mortes à cause d’une intoxication accidentelle. Ils n’ont pas baissé les bras et ont tout repensé dans leur système d’exploitation. « Avec mon épouse et associée, nous avons décidé de nous engager dans la filière agriculture biologique et d’améliorer la relation avec nos animaux. Cette démarche a été positive pour eux comme pour nous. Réussir à rassembler deux troupeaux d’origine différente sans rencontrer de difficultés majeures constitue notre meilleure récompense. Il y a bien sûr encore quelques points à ajuster mais ils sont connus et leur gestion est déjà programmée. » Le bio n’était pas un objectif coûte que coûte mais « la conversion représente une valorisation économique de nos pratiques, alors pourquoi s’en passer ? », interroge l’éleveur. « Ce qui nous guide est le bonheur de nos vaches. Nous ne voulons plus nous acharner à chercher le dernier litre de lait à produire, mais ce n’est pas pour autant que je diminue mon attention sur l’exploitation. Je déteste l’approximation. Ainsi, j’aimerais améliorer le transit de mes animaux en pâture car il y a trop de refus d’herbe à cause des anneaux de répugnance, je n’ai pas encore trouvé la solution. » Cette rigueur se retrouve au niveau des chiffres de l’exploitation : seulement 1 % de veaux morts avant 2 jours et 2,2 % entre 2 jours et 1 mois, 6 % de diarrhées néonatales. Pour le cheptel productif, seul 1 % des vêlages sont classifiés difficiles, les non-délivrances concernent 4 % des vêlages. Les pathologies liées à la mise bas sont rares : 1 % de fièvre de lait, 0 % de caillettes ! Les résultats techniques sont également au rendez-vous : une moyenne d’étable à 9 500 litres (avec 270 jours de pâturage), un intervalle vêlage vêlage de 390 jours et un taux de réussite en première IA de 58 %.
Un travail mené avec les vétérinaires
« Pour repartir sur de nouvelles bases, j’ai tout de suite mis mes nouveaux vétérinaires de Saint-Germain-Laval au coeur de notre projet. La démarche Happy, à laquelle il adhère, nous a tout de suite séduite. Ainsi, ce cabinet vétérinaire place les animaux et leur bien-être au coeur de leur activité. C’est fondamental de s’entendre sur ce point. Nous voulons travailler avec des gens avec lesquels nous nous entendons bien. La relation avec le vétérinaire se rapproche de celle que nous avons avec nos animaux, si nous nous voyons que quand ça va mal, la qualité du lien s’en ressent. »
Accompagnés d’Yves Debeauvais, un vétérinaire du réseau Happy Vets ayant une bonne expérience des problèmes de mobilité des animaux, Carl et Amandine ont revu l’aménagement de leur bâtiment. En lien avec un problème de confort donc et de zone humide, pathologie de la ligne blanche, érosion des talons et dermatite digitée étaient présentes dans le cheptel. « Nous avons revu le confort de nos logettes en les agrandissant au maximum de ce que nous pouvions faire. Nous avons aussi augmenté la largeur de nos couloirs d’exercice passant de 3,20 m de large à 3,80 m. Les logettes en face-à-face sont passées de 4,40 à 4,80 m ; si cela avait été possible nous aurions fait encore plus large mais avec notre bâtiment actuel, c’était le maximum. En augmentant notre surface d’entrée d’air et en raclant quatre fois par jour nous maîtrisons désormais notre problème de pied. Par ailleurs, chaque jour, nous prenons soin d’apporter au moins 2 kg de paille sur les matelas des logettes ! »
L’abreuvement est aussi très scrupuleusement surveillé. L’eau est un élément vital mais trop souvent négligé. Ici, dans la stabulation du Gaec de la route du Basalte, trois abreuvoirs totalisent plus de 10 mètres linéaires d’accès à l’eau, soit plus de 12 cm par vache en lactation, la référence est de 6 cm par vache ! Non seulement il y en a assez mais en plus ils sont nettoyés toutes les semaines. La sortie de la salle de traite a également été revue afin d’éviter les virages trop serrés pour les animaux, un tapis a été apposé dans l’air d’attente. Il faut seulement 1 heure et 15 minutes pour la traite en passant de 2×6 à 2×8 et bien sûr pas d’animaux bloqués après la traite !
Protocole rigoureux
La traite constitue une tâche partagée par tous : associés, salarié et apprentis.
« C’est très facile à déléguer à condition de mettre en place une formation et des protocoles précis, souligne Carl. Non seulement ça marche mais en plus ils nous font progresser ! Pour cela nous avons utilisé l’expérience de mon épouse qui était ingénieure dans l’industrie agroalimentaire. Elle avait l’habitude de gérer des équipes et surtout de leur commander des rapports d’étonnement. Comme elle n’avait pas d’expérience en élevage, elle m’en a fait pas mal en arrivant sur la ferme, maintenant nous demandons systématiquement à chaque nouvel arrivant de nous faire son rapport d’étonnement, on progresse aussi de cette façon. »
Outre ses échanges avec les collaborateurs de l’élevage, l’exploitant veille à conserver un lien avec ses animaux. « Nous avons beaucoup d’interactions avec les animaux. Dès leur naissance, nous nous occupons d’eux très souvent, sans motif d’intervention particulier, nous passons les voir pour les caresser, c’est tout. C’est important pour le comportement des animaux, nous pouvons ensuite très facilement les approcher et les attraper. »