200 traites par jour, 200 refus et une production moyenne de 35 kg par jour : telle est l’équation du bonheur des Holstein du Gaec du Roya. La mise en place de protocoles de soins précis mais simples, le choix du bien-être animal garantissent aux éleveurs une forme de sérénité.
Je suis le chef d’orchestre de mon élevage, déclare simplement Vincent Collardé lors d’une visite de son élevage pour expliquer sa vision du métier d’éleveur. Je ne suis pas nutritionniste, ni vétérinaire et encore moins comptable. Je vais chercher des compétences où elles se trouvent et ensuite, je mets en musique les conseils des experts.
Le regard extérieur et les conseils de Patrick Besnier, qui était vétérinaire praticien de l’élevage, et qui est devenu entre-temps vétérinaire et directeur chez Obione, ont permis à l’éleveur d’écrire une partition claire avec comme fond sonore le confort de vaches. La symphonie qui en découle n’est pas toujours parfaite, il peut y résonner quelques fausses notes, inhérentes au vivant ou aux caprices de la météo, mais une certaine mélodie du bonheur ressort de cet élevage, comme en témoigne le nombre de vaches à ruminer en ce début de matinée, le calme monacal régnant dans le bâtiment et surtout l’état sanitaire des vaches.
L’éleveur a une logique a priori assez simple : produire le maximum de lait sur sa stalle robotisée.
« En rythme de croisière, nous arrivons à produire 35 kg de moyenne par jour avec 200 traites par jour et même nombre de refus. Cette année, la qualité des fourrages est médiocre et nous freine un peu. »
Il n’empêche, les résultats se révèlent au rendez-vous. « Je ne pourrais effectuer ce métier s’il y avait des problèmes chaque jour. J’aurais abandonné. Je vis au rythme de mon élevage, s’il faut se lever en pleine nuit pour un vêlage, je le fais. » Néanmoins, depuis la mise en place du robot, l’éleveur arrive à se dégager du temps libre, mais pas autant qu’il voudrait, et ce d’autant plus qu’il vient de se faire plaisir en achetant une Harley Davidson. Avec l’appui de son vétérinaire praticien, tout a été mis à plat pour anticiper les complications. Les protocoles sont ensuite appliqués avec rigueur, les outils de monitoring permettent également d’anticiper les soucis de santé. « Grâce au robot, j’observe chaque jour le temps de rumination des animaux. C’est un indicateur précieux permettant d’agir bien en amont d’un problème quelconque. Le seuil de 500 minutes par jour constitue ma référence. »
La spécialisation de chaque associé dans un domaine de compétence constitue également une des explications du bon suivi du cheptel. La santé du troupeau s’illustre par l’absence de problèmes métaboliques majeurs : pas de métrite, une seule fièvre de lait en deux ans, neuf mammites. De plus, la production de matière utile s’avère élevée au-dessus de 800 kg/ VL sans dégrader les performances de reproduction. Les primipares vêlent à 24 mois. Le confort du bâtiment allié au savoir faire de l’éleveur permet d’obtenir cette solide assise technique. « Le confort se révèle toujours payant avec à la clé des retours sur investissements », affirme Vincent Collardé. Ainsi, le bâtiment est équipé de ventilateurs qui se mettent en route dès 16 °C et fonctionnent à plein dès que la température dépasse 25 °C. Dès 20 °C, un asperseur vient également refroidir les vaches en les mouillant totalement. Les ventilateurs sont positionnés pour que les vaches viennent ensuite se sécher en se couchant dans leur logette. Les logettes sont confortables grâce au tapis, le sol reste propre grâce au raclage toutes les deux à trois heures en fonction des besoins. Au final, pas de vaches boiteuses.
L’éleveur s’est doté d’un box de vêlage très confortable dont le sol est protégé par un tapis Ph. Deru. L’eau chaude, la vêleuse, les produits de soins sont à disposition de l’éleveur en cas de soucis. « Je drenche systématiquement les vaches avec un mélange d’eau chaude d’électrolytes, de vitamines et minéraux de chez Obione », assure l’éleveur. « Le but est de rechercher à la fois un effet mécanique et un effet nutritionnel. La vache regagne plus facilement son tonus. » À la mise bas, l’éleveur apporte systématiquement les 4 litres de colostrum en sondant les nouveau-nés. La préparation au vêlage permet de maintenir un bon transfert d’immunité. Les veaux passent quelques jours en case individuelle puis rejoignent la nursery. La phase lactée s’appuie sur un aliment contenant 50 % de PLE. Ils bénéficient d’eau à volonté, de foin et d’un aliment du commerce à 19 % de protéines. Il est distribué à travers un DAL. Le sevrage se déroule dès que le jeune bovin consomme quotidiennement 1,5 kg d’aliment concentré, vers 70 jours. Ensuite, l’évolution du poids est suivie grâce au mètre ruban et comme le veut la théorie, les génisses sont inséminées à 210 kg. La date de première mise bas oscille entre 24 et 26 mois, la qualité des fourrages et le confort de la nursery constituent les principaux facteurs limitants. L’éleveur ne constate ni diarrhée, ni problèmes pulmonaires. Si l’élevage perd trois à quatre veaux par an, cela s’explique par des vêlages compliqués comme le positionnement du veau…. Côté nutritionnel, pas de chose extravagante, d’ailleurs le monopropylène glycol n’est jamais distribué systématiquement au robot mais ses apports sont réservés aux vaches un peu amorphes.
J’ai deux passions : mes vaches et ma moto ! Pour les vaches, je ne suis pas nutritionniste, ni vétérinaire et encore moins comptable. Je vais chercher des compétences où elles se trouvent et ensuite je mets en musique leurs conseils . Pour le guidon de ma moto, je ne laisse personne piloter à ma place !